Comment j’ai trouvé un vaccin, l’histoire de 31 douches froides.

Ces derniers mois en me baladant sur internet, j’ai assisté à de nombreux défis douches froides.  

  • Des vidéos présentant les mérites d’un mois de douches froides

  • Des blogs dévoilant les conclusions d’une année de douches froides 

  • Des podcasts abordant les bienfaits des douches froides

Avez-vous remarqué la même tendance ?

J’ai l’impression que c’est devenu un phénomène de mode. Il ne passe pas une semaine sans qu’on en vante les mérites.

Je les ai découvertes il y a trois ans lorsque je me suis à la course à pied. Après un footing, elles me rafraîchissent. Trente secondes sont largement suffisantes, au-delà c’est du masochisme.


Je fais partie de ce mouvement, alors j’ai eu envie de creuser.

Pourquoi tant de personnes semblent avoir reçu une vérité révélée ? Que ressentent-ils ? Que cherchent-ils ? Mais pourquoi ce sujet est aussi clivant ? Pour faire simple, douches froides : bienfait ou arnaque ?

Ce sont des questions auxquelles je réfléchis depuis longtemps. Je suis arrivé à la conclusion que cela va bien au-delà d’être bien réveillé, de bonne humeur ou de muscler sa volonté. La douche froide est une philosophie de vie.

C’est un exercice où vous vous frottez à l’inconfort passager. Avec une bonne méthode, cette routine devient un outil au service de l’efficacité. Elle devient un gage de sérénité. Elle devient un exercice de liberté.

Ceux qui l’ont compris sont démesurément récompensés. Ils apprennent à explorer.


Pour comprendre ce phénomène, j’ai décidé de le traiter correctement : 

  • Décortiquer des dizaines d’articles scientifiques 

  • Analyser des heures de vidéos d’auteurs référents

  • Et surtout, prendre 31 douches froides de cinq minutes

J’ai synthétisé et vulgarisé ce que dit la science

J’ai partagé mon carnet de bord mensuel

J’ai confronté mon expérience à la réalité scientifique

J’ai partagé mes réflexions.


J’ai synthétisé le tout dans cet article.

Il dure trente sept minutes. Bon voyage.


Les hypothèses de l’expérience : ce que dit la science

Les principes de la régulation de la température

Pour commencer ce périple, intéressons-nous à ce que dit la science. Dans un premier temps nous étudierons le fonctionnement du corps humain, puis, dans un second temps nous examinerons les réactions du corps au froid. Enfin, dans un troisième temps, nous analyserons l’impact de changements neuronaux sur le corps.

Nous avons des thermorécepteurs disséminés dans l’ensemble du corps. Il faut imaginer des milliers de thermomètres qui mesurent les variations de températures corporelles.

Les températures récoltées sont transmisesà l’hypothalamus qui joue un rôle capital dans la régulation des fonctions vitales (faim, soif, sommeil, comportement sexuel, émotions et température corporelle).

Source : Larousse

 L’Hypothalamus collecte ces informations et les compare à une valeur de base (37°C). En fonction du résultat, il envoie des ordres pour réguler la température : on parle de thermorégulation.

L’hypothalamus est donc une tour centrale qui agrège des données. Il faut l’imaginer comme le siège social d’EDF vers lequel remontent toutes les données des compteurs.

Lorsque la température est inférieure à 30°C, l’hypothalamus envoie un signal pour dire : “c’est un peu frais par ici” , comme lorsqu’on se baigne dans la Méditerannée (28°). Mais que se passe-t-il lorsqu’on se baigne dans l’océan atlantique (18°) ?

Les réactions du corps au froid

Soumis au froid, le corps a besoin de se réchauffer. Il réagit de deux façons complémentaires : réduction des pertes d’énergie et augmentation de la production d’énergie.

Diminution des processus qui font perdre de l’énergie

Les vaisseaux sanguins se contractent pour limiter la surface en contact avec l’extérieur et éviter que le sang ne se refroidisse trop. Cette vasoconstriction est nécessaire car elle conserve un maximum de sang chaud pour les organes vitaux. 

Augmentation des processus produisant de l’énergie

Pour réaliser une thermogenèse, c’est-à-dire produire de la chaleur, notre corps réagit musculairement et hormonalement

1) Réponse musculaire

Nous frissonnons. Nos muscles se contractent de façon désynchronisée pour produire de l’énergie. Ces frissons sont efficaces car nous émettons 4 à 5 fois plus de chaleur corporelle qu’au repos.

2) Réponse hormonale

Pour simplifier, notre corps est régulé par l’action de deux systèmes nerveux opposés : 

  • Le système parasympathique : activé lorsque vous êtes au repos. Imaginez-vous faire bronzette dans un hamac, complètement détendu. Vous êtes en sécurité.

  • Le système sympathique : activé lorsque vous êtes en situation de stress. Imaginez-vous face à un ours, en alerte maximale. Vous êtes en danger.

Lorsque vous avez froid, l’hypothalamus remarque une chute de température : la centrale EDF entre en alerte car votre corps est danger. La douche froide active le système sympathique. Suite à cette activation, l’hypothalamus stimule les glandes surrénales qui libèrent de la noradrénaline et accélère le métabolisme cellulaire.

Glandes surrénales (Source : Passeport santé)

Le Professeur Sramek et son équipe ont étudié l’effet des bains froids à 14°C chez des sujets jeunes. Ils observent une augmentation de la production de noradrénaline de 250% (2) et du métabolisme de 350% (3)

Cette étude montre également une hausse de 250% de l’émission de dopamine (4).
Enfin deux études confirment que la douche froide stimule sensiblement la production d’endorphine. La première est issue des travaux des Professeurs Victoria J. Harber and John R. Sutton en 1984 (5), la deuxième est le fruit du travail du Professeur Nikolai Schevchuk en 2007. (6)


Les effets neuronaux du froid sur le corps

Face au froid intense, le corps bascule totalement dans le mode sympathique. Le métabolisme tourne à plein régime, nos cellules ont plus chaud. Mais quels sont les effets secondaires de cet état de stress intense ?

La ventilation

Cet afflux extraordinaire de noradrénaline libéré pour vous réchauffer fait croire à votre cerveau que vous êtes en danger maximal. Chimiquement, c’est comme si vous étiez face à un ours qui a loupé son petit-déjeuner. Face à ce stress massif, votre corps s’adapte et vous offre la capacité de courir très longtemps. Il ajuste sa capacité ventilatoire : vous hyperventilez

Source : Mana5280 @ Unsplash

L’énergie

Face à cet ours, êtes-vous plein d’énergie ou avez-vous envie de piquer une petite sieste ? Vous avez la réponse, vous êtes réveillés à 100%. Avec la noradrénaline, la fatigue disparaît, vous êtes prêt à courir plusieurs kilomètres.


Concentration

Toujours face au même ours, est-ce que vos idées vagabondent ou êtes-vous pleinement concentré ? Vous êtes mobilisé comme jamais car votre survie est en jeu. Avec la noradrénaline, vous êtes plus focus.

Humeur

Lorsque vous venez de finir une séance de sport, vous êtes sur un petit nuage, détendu. Votre corps baigne dans l’endorphine. Ce neurotransmetteur a une mission : masquer la douleur physique sous le plaisir. L’endorphine vous procure du bien-être et réduit le stress.


Confiance

En rayant une tâche à faire sur une liste, vous ressentez une satisfaction. C’est tellement agréable que certains l’écrivent pour avoir le plaisir de la barrer si jamais elle n’était pas notée. La dopamine inonde votre corps. Ce neurotransmetteur procure un sentiment de satisfaction après l’atteinte d’un objectif. La dopamine vous rend heureux et confiant.

Schéma présentant les réaction corporelles aux douches froides


Prendre des douches froides est un tsunami chimique. Notre corps met tout en œuvre pour tenir le coup. Mais que se passe-t-il lorsqu’on reste plus longtemps ? Par exemple 5 minutes. Que ressent-on si on répète l’opération un mois ? Ouvrons la première page du carnet de bord.

 
 

Le carnet de bord : la réalité de mon expérience

Semaine 1

31 décembre, petite soirée entre amis pour fêter la nouvelle année. Le réveil sonne, je suis motivé malgré quelques bulles de champagne coincées au fond de la gorge.

Je rentre dans la salle de bains, je mets une alarme pour respecter ces fameuses cinq minutes. Un léger pincement me serre le ventre. Le stress vient de lever le doigt. “Pardon, est-ce que je peux venir ? J’aimerais bien faire partie de l’aventure”. Mon enthousiasme fait grise mine. Je vais sous la douche, le stress toise mon enthousiasme. 

L’eau froide tombe : c’est très violent.

Pour vraiment comprendre, imaginez un instant votre dernière baignade dans l’océan Atlantique, cette fameuse eau à 18°C.

Des baigneurs ayant froid au moment de rentrer dans l’Atlantique, des gens normaux.

Après avoir été trempé un pied, vous dites “oula, elle est pas chaude”. Vous avancez tranquillement, étape par étape. L’eau monte gentiment au niveau des chevilles, pause. L’eau s’élève au niveau des genoux, bonne pause. L’eau monte au niveau du bassin, on s’arrête quelques instants. Armé de courage, vous avancez vers le grand large et l’eau vient de franchir votre abdomen. Enhardie, l’eau s’aventure maintenant au niveau de vos épaules. Stop. Enfin, vous coulez tel une pierre, mais vous ressortez immédiatement car l’eau est fraîche. Cette épreuve dure quelques minutes, le stress est réparti équitablement.

La douche froide, elle n’est pas patiente. Toutes ces difficultés, tout ce stress est compressé en une seconde. Le choc est frontal, tel une voiture je viens de percuter un mur d’eau froide. Pas le temps de réaliser, l’hyperventilation arrive au pas de course. Mon souffle est haché, comme si on avait réduit la taille de mes poumons de moitié. Nous avons tous connu ce moment, vous savez, celui en EPS où nous devions courir à côté du stade et tout donner lors du dernier tour. Ce matin, je suis redevenu ce gamin.

Je suis frigorifié, je suis crispé, j’essaie de me réchauffer. Je frotte mes mains entre elles, sur mon torse, sur mes cuisses. Puis à mi-parcours cet effet s’estompe, je reprends ma respiration. L’alarme sonne enfin et j’attrape ma serviette. Une fois séché, c’est un feu d’artifice d’émotions. Tout d’abord, je suis réveillé comme jamais, j’ai littéralement l’impression de sortir d’une cascade de montagne.

Ensuite un sentiment de fierté inonde mon corps. Ce n’est pas volontaire. C’est tellement puissant que j’ai l’impression que la fierté a attrapé mon bras et vient de le lever. À peine ai-je le temps de baisser le poing vainqueur qu’une chaleur douce commence à m’envelopper : je suis serein, détendu, calme. C’est déroutant. C’est le cœur de l’alchimie de la douche froide. Une sensation de tonicité extrême mêlée à un bien-être profond.

Je savoure mon petit-déjeuner sur mon nuage : détendu et l’esprit clair. Je quitte l’appartement pour aller travailler. Deux heures après, petit coup de fatigue. Au cours de la semaine, l’hyperventilation se réduit progressivement pour tomber à trente secondes mais l’eau reste glaciale. Malgré les bienfaits de cette première douche, je ressens une appréhension en rentrant dans la salle de bains. Pour être honnête, j’aurais pris une douche chaude si j’avais eu le choix.


Semaine 2

Ces hésitations me turlupinent car elles sont involontaires. Ce n’est pas ma volonté qui doute, non, c’est mon corps qui refuse et dit “Hey chef ! Mets-moi bien, mets-moi un supplément eau chaude stp”. Je veux trouver une solution.

J’aime beaucoup la musique alors je lance une chanson pour booster ma motivation. J’essaie différent genres : poétique, électrisé, puissant, relaxant, indestructible, le pop.

Vous savez quoi ? Ça marche. Mon cerveau met de côté cette appréhension. Dès les premières notes, je retrouve la motivation et vais sous la douche en sautillant. Bien sûr, l’eau est toujours aussi froide, mais au moins j’y vais d’un bon pas.

Il se passe un phénomène intéressant : à une minute de la fin, j’oublie le froid. Il se passe alors un deuxième phénomène encore plus intéressant : je commence à danser. Le changement est très important car j’apprécie les bienfaits de la douche pendant la douche. C’est le point de bascule pour arriver à prendre ces douches. Pourquoi ? C’est un accélérateur du lâcher-prise.

C’était difficile de rester sous l’eau glacée même si je savais que ça allait s’arrêter. Savoir que je peux prendre du plaisir pendant la douche me libère progressivement. Je réagis de moins en moins au stress. Il est présent mais je le laisse glisser sur moi.

Les matinées se suivent et se ressemblent : je suis plus joyeux et concentré, le stress, lui bouge les lèvres au loin, mais je ne l’entends pas.

Semaine 3

Je m’habitue : l’eau n’est plus glacée, elle est juste froide. Par épisode de dix secondes elle devient même tiède. C’est déroutant car j’hyper-ventilais il y a quelques jours.

En me réveillant, j’ai plus d’énergie et recommence à courir le matin. Et là c’est extra : les douches froides me font plaisir pour deux raisons. Premièrement, j’en ai envie en arrivant dans la salle de bains, deuxièmement c’est plus agréable lorsqu’on a besoin d’être rafraîchi après avoir transpiré.

Le sentiment de fierté qui m’accompagne après ces cinq minutes quotidiennes évolue vers un état plus conscient. L’abondance de dopamine me comblait. Cet effet s’estompe, mais maintenant je prends conscience de ce geste. Je suis fier d’accomplir cette tâche : ce défi lance ma journée, il me met dans un état d’esprit positif.


Semaine 4

Ma routine est devenue simple. Le froid dure 4, 5 secondes puis je passe à autre chose : mon corps est habitué. Cela me fait penser aux douches en été : elles sont froides mais vous les aimez, vous les voulez.

Je mesure la transformation en allant voir mon frère dans le centre de la France. Il vit à la campagne avec un joli lavoir qui embrasse sa maison. L’occasion est trop belle, je saute dessus. 8h du matin, 2°C, l’eau du lavoir est à la même température : je m’y glisse en une minute, tranquillement. Je m’immerge, calmement. Je reste deux, trois minutes, paisiblement. Cette sérénité est bluffante.



Le bilan mensuel : analyse comparative hypothèse - réalité

Après un mois, voici l’heure du bilan. Je confronte ma réalité à ce que dit la science, point par point. Elle n’engage que ma perception et différera probablement de la vôtre.

Tolérance au froid : 5/5

La science disait que je m’adapterai. Clairement, mon expérience est probante. Les douches froides sont devenues simples : je ne me pose plus aucune question. Ceci étant, j’ai opéré un changement : je n’y vais plus d’un coup mais par étapes. J’applique le jet sur les jambes, les bras, la nuque et finalement la tête. Le processus dure dix secondes et réduit le stress. Chacun aura ses propres réactions, mais cette méthode me semble plus douce et donc plus adaptée  aux personnes qui débutent.

Énergie : 4/5

La science affirmait que je serai en forme, c’est le cas. En sortant de la douche, je suis vraiment réveillé. Les bienfaits sont encore plus criants lorsque je suis fatigué. Cette douche devient le coup de fouet dont j’ai besoin pour partir d’un bon pied : elle me réveille physiquement et mentalement. Les douches sont devenues mon café et je pourrai difficilement m’en passer. Imaginez-vous commencer une journée sans thé ou café ?


Concentration : 2/10

J’étais légèrement plus concentré les premiers jours, mais rien d’extraordinaire. C’est plus perceptible à long terme. En étant plus dynamique et de bonne humeur, je suis devenu plus efficace le matin. J’ai appris à être mieux concentré, c’est un effet secondaire inattendu


Bien-être : 3/5

La science était formelle, mon anxiété réduirait. Après un mois, le bilan est satisfaisant. Le matin, je suis plus heureux et apaisé. Mon “stress conjoncturel” est plus bas jusqu’à midi. Après la pause déjeuner, l’effet s’estompe car la dopamine disparaît. Mais j’ai fait une découverte extraordinaire : mon “stress structurel” a diminué. Face à un stress répété et maîtrisé, j’ai apprivoisé le stress. C’est le lâcher-prise : accepter puis laisser partir. Cette sensation est assez proche de la méditation. La méditation n’est pas l’absence de pensées, c’est plutôt la capacité à les reconnaître, puis, revenir paisiblement dans le moment présent.


Confiance : 3/5

La science déclarait que je serai plus confiant. C’était le cas les deux premières semaines car l’afflux de dopamine est si important que cela me dépassait : c’était “subi”. Au fil des douches, les difficultés diminuant progressivement, cette confiance “non-volontaire” est devenue le fruit de ma conscience. C’est moi qui suis fier de cette douche. Peu importe ce que va se passer, je suis au rdv. C’est une fierté d’accomplir quelque chose qui demande de la régularité et de d’effort. J’ai l’impression d’avoir un coach à domicile, une personne qui me tape dans les mains et dit “ bien joué, mec”. Cette sensation garantie tous les matins a de la valeur.

Le bilan est très satisfaisant : les douches froides sont devenues une routine sans effort dont je tire des bienfaits évidents. J’ai pris quelques jours de réflexions, voici mon bilan à froid.

 
 

Observation et bilan pour aller plus loin

Malgré un début chaotique, les difficultés se sont progressivement éteintes pour terminer comme un brossage de dents, une routine auquel on ne prête plus attention. Les bienfaits, eux sont toujours présents et grandissent continuellement.

Ce mois de douche froide est une expérience mémorable. Mais j’ai souhaité donner du temps au temps. Laisser décanter trois semaines pour obtenir des réponses que je n’avais pu vu immédiatement. Voici mes six leçons.

“La patience est un arbre dont la racine est amère et le fruit doux” IAM


L’impact des issues de secours sur notre réussite

Je suis sidéré de l’impact des solutions de repli sur notre réussite. Sans engagement public, j’aurais pris des douches chaudes : j’aurais craqué.

Ce phénomène s’explique par la loi du moindre effort présenté par James Clear dans Atomic Habits. Au moment de choisir entre deux options similaires, nous préférons naturellement celle qui exige moins d’effort. Cet instinct est le fruit de centaines de milliers d’années d’évolution : ceux qui obtiennent autant que le voisin mais en consommant moins de ressources ont plus de chance de survie.

Hernan Cortes, conquistador espagnol l’avait parfaitement compris. Connaissant ce principe, il brûle ses navires en accostant au Mexique : réussir avec ses hommes devient la seule option.

Il en va de même dans nos vies, lorsqu’un objectif est important, essayons de réduire nos issues de secours. Trouver un partenaire ou s’engager publiquement fonctionne plutôt bien. 

Source : Daily News

=> Leçon : Trouvons des garants pour accomplir nos projets.

Tout seul on va vite, ensemble on va plus loin” Proberbe africain


Les nombreuses composantes de la force mentale

Certains matins, mon inconscient disait non alors que j’étais déterminé; d’autres matins, je maîtrisais parfaitement mes émotions. En creusant ce sujet, j’ai découvert quatre composants  de la force mentale : motivation, volonté, discipline et détermination. Étudions ensemble leur étymologie, leur définition et un exemple pour mieux les comprendre. Quatre nuances de force mentale.


Motivation

  • Etymologie : Vient du latin motivus, dérivé de motus qui signifie mouvement.

  • Définition : La motivation traduit le désir premier.

  • Exemple : Je suis motivé pour perdre du poids car cela me ferait plaisir.


Volonté

  • Etymologie : Vient du latin voluntas, se traduit par bienveillance ou bonne volonté.

  • Définition : La volonté décrit la faculté de choisir et d'exécuter correctement, c’est-à-dire prendre en charge des actions spécifiques pour atteindre un objectif.

  • Exemple : Je veux perdre du poids, je vais donc mettre en place des actions pour réussir


Discipline

  • Etymologie : Vient du latin disciplina, issu de discere qui veut dire apprendre.

  • Définition : Elle caractérise la capacité à contrôler ses émotions, son attention face aux distractions pour continuer à avancer.

  • Exemple : Pour perdre du poids, je vais respecter ce régime alimentaire pendant trois mois.


Détermination

  • Etymologie : Vient du latin détermination, traduit par borne, limite, extrémité, conclusion.

  • Définition : Elle exprime la notion de poursuite d’un but jusqu’à atteindre son objectif malgré les échecs.

  • Exemple : J’ai connu certains dérapages lors du programme, mais j’ai continué pour atteindre mon poids de forme, coûte que coûte.

Après un mois, je vous certifie que ma motivation est fluctuante. Pour mieux réussir ses projets, il est plus judicieux de se reposer sur la volonté et la discipline.

Jonathan Borba @ Unsplash

En 2001, des chercheurs britanniques étudient le comportement de 248 adultes qui souhaitent acquérir de meilleures habitudes d’activités sportives. Ils créent trois groupes. 

  • Un groupe témoin indique leur nombre d’activité. 

  • Ils expliquent les bienfaits de l’activité sportive au deuxième groupe 

  • Ils demandent de planifier l’activité au troisième groupe : les participants doivent préciser où et quand ils la réaliseront.

Les résultats sont frappants : le deuxième groupe a augmenté sa participation de 10% et le troisième de 200%. Nous croyons souvent manquer de motivation, alors qu’en réalité nous manquons de planification.

=> Leçon : Ne comptons pas la motivation, plutôt sur la volonté et la discipline.

 “Sème un acte, tu récolteras une habitude,

sème une habitude, tu récolteras un caractère 

sème un caractère, tu récolteras une destinée." Dalai Lama



La découverte du principe d’habitude clé

J’ai accumulé les effets positifs : moins fatigué, moins stressé, plus heureux, plus confiant. Mais je ne m’attendais pas à un supplément d’efficacité matinale consécutif. J’ai pu finir plus tôt, j’étais plus détendu et suis entré dans un cercle vertueux : c’est la loi des effets composés. Les effets positifs produisent d’autres effets positifs qui s’accumulent

James Clear parle d’”instants décisifs”, ce moment où un choix impacte plusieurs autres : ce choix est plus influent que les autres choix.

Schéma présentant les instants décisifs par James Clear dans Atomic Habits  

Nous avons tous nos “moments décisifs” : surfer sur Instagram dès le réveil ou alors méditer, lire, faire du sport. Aller sur netflix en rentrant du boulot ou jouer de la guitare, dessiner, bricoler. Comprenez-moi bien, je ne suis pas un tyran de la productivité : je ne souhaite pas chasser tout instant de repos ou d’ennui car ils sont nécessaires à notre équilibre. Je dis modestement que certains moments sont “décisifs” et jouent un rôle majeur lorsque vous faites le bilan de votre journée.

Je vais passer un an pour découvrir des habitudes clés, ces moments anodins qui font basculer une journée. Je n’ai pas encore les réponses. Pour les découvrir ensemble, il vous suffit de vous inscrire à ma newsletter pour recevoir chaque mois l’analyse détaillée d’une habitude clé. 

N’hésitez pas à partager vos instants décisifs, ils m’orienteront dans mon exploration.

Vous pouvez m’aider à vivre ce qui vous émerveille.

Vous pouvez m’aider à le partager aux autres.

 
 

=> Leçon : Ne cherchons pas à être toujours parfait, soyons-le au bon moment.

Rigueur sur l’important, souplesse sur le reste” Hubert 



L’être humain a une faculté d’adaptation extraordinaire

Les premières douches furent un supplice de plusieurs minutes. Elles sont progressivement devenues plus supportables pour finir comme les douches froides en été : fraîches.

En creusant j’ai découvert le principe d’accoutumance. C’est le processus d’adaptation de l’organisme à un stimulus extérieur. Cela se traduit par un affaiblissement voire un épuisement de la réponse au stimulus à mesure que l’organisme y est confronté.

Concrètement, cela signifie que nous sommes chimiquement conçus pour nous adapter à notre environnement. Cette adaptation n’est pas spécifique à la douleur, elle est générale. Prenons l’exemple du bruit. En arrivant pour la première fois en ville, nous sommes dérangés par les klaxons, les sirènes, les marteaux-piqueurs. Au fil du temps, notre cerveau s’y habitue et nous y prêtons moins attention.

Le Roi perse Mithridate incarne parfaitement cette leçon. Mithridate a peur d’être empoisonné, il acquiert alors une connaissance parfaite des poisons et de leurs antidotes. Selon la légende, il ingère même de petites doses pour s’en préserver. Battu lors d’un combat, il veut se donner la mort en s’empoisonnant : il avale le flacon mais ne meurt pas à cause de son accoutumance.

Le roi Mithridate : Source Wikipedia


=> Leçon : N’ayons pas peur de la douleur, nous sommes plus puissants qu’imaginé.

Ce qui ne me tue pas me rend plus fort.” Frérérich Nieztche 



Les difficultés, d’ennemies à alliées

Malgré un bon parcours scolaire et une belle carrière professionnelle, je me pose énormément de questions : je suis assailli par des centaines de réflexions. Ces ruminations mentales sont mon pain quotidien et je suis souvent en proie en doute. Le stress fait partie de mon quotidien.

Cette expérience matinale a été mémorable : je me suis exposé à un niveau de stress extraordinaire par son intensité et sa fréquence, difficilement reproductible dans ma vie de tous les jours. En dressant le bilan, je suis étonné par la mutation du stress. C’est la transformation progressive d’un stress diffus et subi en un stress concentré et intentionnel.

Schémas présentant l’évolution du stress au cours d’une journée (gauche : classique // droite : douche froide matinale)

Cette exposition intentionnelle au stress transforme ma faiblesse en force : Je digère le stress pour y être moins sensible au cours de la journée. Mon exposition au froid devient mon bouclier

Schémas présentant mon rapport au stress (gauche : classique // droite : après les douches froides matinales)

En dessinant ce schéma, c’est L’Épiphanie : je reconnais l’antifragilité. C’est un concept introduit par Nassim Taleb, statisticien et professeur de l'université de New-York. L’antifragilité décrit tout système qui se renforce par l’exposition à des difficultés.

L’antifragilité est différente du concept de robustesse qui est la capacité de résister, et différente du concept de résilience qui est la faculté de se remettre d'un échec.

L’antifragilité ne caractérise pas un état statique. Elle traduit une notion dynamique qui résulte d’un cheminement. Antifragile signifie s’exposer à des difficultés pour les digérer. Être antifragile c’est accepter les difficultés présentes pour devenir meilleur. L’antifragilité, c’est la vaccination : s’inoculer une petite quantité de maladie pour développer les anticorps. L’épreuve peut être notre antidote.


Laissez-moi vous raconter l’histoire du 3ème président des Etast-Unis. Contemplatif et réservé, Thomas Jefferson est né avec un défaut de prononciation. Voulant entrer en politique, il privilégie l’écriture alors que d’autres préfèrent s’exprimer oralement. Il vient de trouver un moyen de s’exprimer clairement : l’écriture devient sa force. Par la suite, Jefferson rédige d’un jet l’un des documents les plus importants de l’Histoire : la Déclaration d’indépendance


Thomas Jefferson, Président des Etats-Unis (billet de 2$)

=> Leçon : Apprécions les obstacles, ils nous indiquent le chemin.

L’homme a besoin de difficultés, elles sont nécessaires à sa santé.” Carl Gustav Jung 



Il faut choisir et en accepter le prix pour grandir

Le 20ème siècle a démocratisé le cinéma et la télévision : nous avons assisté à l’émergence de la société du divertissement.

Le 21ème siècle consacre le règne de la société du plaisir. Nous votons avec nos mains : nous avons élu Netflix, Facebook, Instagram, Youtube, TikTok, Uber, Amazon. La satisfaction est toujours plus accessible, sans cesse plus immédiate. Nous consommons ces services et c’est bien normal. Nous serions fous de nous en passer, Dame Nature a inscrit la loi du moindre effort dans nos gènes.

Mais ce plaisir en openbar nous atrophie. Nous consultons notre portable plus de 200 fois par jour, le temps de concentration d’un individu de 18 ans a diminué de 35% en 20 ans. Une expérience démontre que nous souhaitons recevoir des décharges électriques plutôt que ne rien faire après un quart d’heure d’inactivité. Nous préférons nous faire mal plutôt que côtoyer l’ennui.

En réalité nous ne sommes pas feignants, nous sommes sur-stimulés. En privilégiant aussi souvent la gratification immédiate, nous devenons des loques mentales. Cette overdose de dopamine atrophie notre volonté du quotidien et par répercussion notre volonté de vie.

En choisissant souvent le plus simple, nous avons désappris à faire des choix difficiles, ceux qui font vivre et grandir. C’est l’explosion du syndrome de Peter Pan.

« Je ne veux pas devenir un homme … jamais, dit-il avec passion. Je veux rester pour toujours un petit garçon et m’amuser. Alors, je me suis sauvé à Kensington Gardens et j’ai vécu longtemps avec les fées. » Peter Pan – James Matthew Barrie

Jordan Peterson, psychologue clinicien, explique le sens du dessin animé dans cette vidéo de cinq minutes. Peter Pan désire seulement s’amuser : il veut éviter les responsabilités. Il ne veut pas faire de choix et les sacrifices que cela implique.

Nous sommes de plus en plus nombreux à privilégier la satisfaction immédiate, à remettre à plus tard l’effort. Nous sommes happés par ces distractions futiles. Nous scrollons à l’infini des murs d’actualités mais notre vie, elle, est finie, et se consume pendant ce temps.

Nous passons à côté des actions qu’elle nous suggère, des choix qu’elle requiert. Nous pouvons vivre à crédit, en remettant ces choix à plus tard, mais la vie les attend. Les mois, les années passent et nous pouvons sentir que quelque chose ne va. Un jour, c’est la crise. 30, 40, 50 ans peu importe, lorsqu’elle arrive c’est souvent  violent.

=> Leçon : Acceptons les sacrifices, c’est l’école de la vie.

“Ce que nous appelons notre destinée est en fait notre caractère, et le caractère peut être modifié.” Anaïs Nin



Nous venons d’arriver à quai. C’est la première escale d’un voyage d’un qui en comptera douze. 2022 : 12 escales pour 12 habitudes clés.

Ce sujet est tellement vaste que je ne l’ai pas traité dans toute sa richesse. J’aurai souhaité aborder le renforcement du système immunitaire, la perte de poids, l’amélioration de la récupération sportive ou la fameuse peau et les cheveux de meilleure qualité. J’aurais tant aimé tester des méthodes plus progressives car la mienne est barbare, cela pourrait décourager et c’est un peu dommage. Mais il faut faire des choix et je repars avec d’autres pistes à explorer.


Nous sommes des cavaliers sur des chevaux avec une bride entre les mains.

Ce cheval est notre désir : Il nous fait avancer, Il nous porte.

Cette bride est notre force mentale : elle peut orienter nos désirs et guider nos actions.

Si vous habituez votre cheval brouter à chaque pâturage, vous deviendrez l’esclave.

L’éduquer est exigeant mais c’est libérateur.

Cette liberté acquise n’est pas une fin en soi. Elle demeure un outil pour explorer, rencontrer, vivre.

La douche froide m’a apporté de nombreux bienfaits physiques, mais c’est mentalement que réside la puissance de cette expérience. J’ai moins peur de la douleur, j’apprécie les obstacles qui m’indiquent un chemin, j’embrasse les sacrifices car ils sont devenus mon école de vie. Je suis mieux préparé pour mes prochaines expéditions.

La technologie crée un niveau de confort qui nous permet d’agir en fonction de nos moindres désirs. Le vrai enjeu des douches froides est d’apprendre la discipline. De dompter la douleur quitte à l’apprécier. Pas comme un masochiste qui la recherche comme une finalité, mais d’accepter la souffrance pour ce qu’elle vous permettra de produire et donc de devenir.

Dans un monde où la souffrance est inévitable et le plaisir à portée d’un clic.

Dans un monde où le sens n’est plus donné mais est à construire.

Ceux qui embrassent les sacrifices et choisissent leur bataille sont démesurément récompensés.

La douche froide a été mon défi en janvier. Il y en a des centaines d’autres plus intéressantes et qui vous correspondent davantage. Alors choisissez votre bataille : pianotez, écrivez, dessinez, bricolez, enseignez, courez ou aidez votre prochain.

Restons acteur de nos vies, ne soyons pas de simple spectateur.

"Voulez-vous savoir qui vous êtes ? Ne demandez pas. Agissez ! L’action vous délimitera et vous définira." T. Jefferson

PS : Je lance un programme d’initiation aux douches froides en avril. Je serai heureux d’accompagner ceux qui veulent découvrir. Pas d’inquiétude, on ira à votre rythme : il sera le bon. Email : h.desaintlouvent@gmail.com

PS2 : Vous croyez que cette idée mérite d’être connue ? Vous pouvez m’aider à la faire rayonner avec un like ou un partage.
PS3 : J’aime toujours les douches chaudes, mais maintenant je les préfère froides ;)

 
 

Sources :

  1. Améliorer sa récupération en sport - Christophe Hausswirth (paragraphe 14)

  2. Professeur Sramek - ​​Human physiological responses to immersion into water of different temperatures (2000) 

  3. Professeur Sramek - ​​Human physiological responses to immersion into water of different temperatures (2000) 

  4. Professeur Sramek - ​​Human physiological responses to immersion into water of different temperatures (2000) 

  5. Professeur Harber - Endorphins and exercise (1984)

  6. Professeur Schevchuk - Adapeted cold show as a potential treament for depression (2007)

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